Le défi de la technologie inclusive

Inclusion technologique : un défi crucial à l'ère numérique

Cependant, comme dans toute révolution, la technologie peut également reproduire certaines inégalités déjà présentes dans notre société. Pour que la technologie remplisse sa fonction de progrès et d'équité, il est crucial qu'elle devienne un agent actif d'inclusion. En ce sens, la conception et le design de la technologie jouent un rôle clé pour soutenir et autonomiser différents groupes qui peuvent être exclus.

Par exemple, l'accès inégal à Internet ou aux dispositifs numériques peut créer une barrière significative pour ceux qui appartiennent à des communautés défavorisées, limitant leurs opportunités d'éducation, d'emploi et de participation sociale. En 2023, 2,7 milliards de personnes n'avaient toujours pas accès à Internet, ce qui fait que 36 % de la population mondiale ne peut pas bénéficier de l'un des grands atouts de la transformation numérique.

En outre, les biais inhérents dans les algorithmes et les systèmes d'intelligence artificielle peuvent reproduire et amplifier les discriminations déjà existantes. Une étude de l'Université de Stanford en 2020 a identifié qu'aux États-Unis, les algorithmes de recrutement utilisés par les entreprises avaient plus de chances de bénéficier aux candidats blancs. Pour contrer ces inégalités, la technologie doit être conçue et développée de manière inclusive, en créant des outils et des plateformes accessibles à toutes les personnes et en répondant aux besoins et aux perspectives des communautés marginalisées. Nous considérons que le changement émerge d'un processus responsable, accessible et collaboratif, et non comme un point à la fin d'un processus.

La neutralité de la technologie : un mythe

Considérer la technologie comme une entité neutre est une erreur car chaque solution est imprégnée des croyances, valeurs et biais de ceux qui la créent. Par exemple, les algorithmes de recrutement automatisé peuvent favoriser les candidats qui reflètent les caractéristiques de ceux qui ont historiquement occupé ces postes, perpétuant ainsi l'exclusion des groupes minoritaires et sous-représentés. Par conséquent, la technologie doit être conçue et évaluée avec une démarche consciente de ces biais, en priorisant son impact sur la société, au-delà des intentions particulières de ceux qui l'ont conçue.

Les technologies doivent évoluer avec la société, en abordant les nouvelles formes d'inégalités qui peuvent surgir. Cela implique une surveillance et un ajustement permanents des politiques et des pratiques pour s'assurer que tous les individus puissent bénéficier équitablement des avancées technologiques.

Inclusion et participation des groupes marginalisés

La participation de ces groupes marginalisés dans la conception et le développement de la technologie est essentielle car ce n'est qu'en incluant diverses perspectives que l'on peut créer des solutions qui répondent véritablement aux besoins de toutes les personnes. Par exemple, la conception de dispositifs qui prennent en compte les limitations physiques ou mentales des utilisateurs handicapés ne peut être réalisée qu'à travers une collaboration active avec ces groupes, car chaque personne est une experte en conséquence de son propre parcours de vie et, par conséquent, peut apporter des contributions uniques et exceptionnelles. Nous travaillons pour obtenir des résultats durables, contrôlés et dirigés vers le collectif.

L'intersectionnalité est un concept crucial dans l'inclusion technologique. Il s'agit de considérer plus d'une seule dimension d'inégalité, comme le genre ou la race, en reconnaissant de manière agrégée comment les multiples formes de discrimination interagissent entre elles et affectent les personnes, de l'orientation sexuelle, du handicap ou de l'âge, entre autres. Ainsi, une femme d'une minorité ethnique avec un handicap doit faire face à des barrières qui doivent être comprises de manière globale, et non simplement en additionnant les défis de chaque groupe affecté (femme, ethnie minoritaire, avec handicap), séparément. C'est-à-dire, la technologie doit être sensible à ces complexités pour offrir des solutions véritablement inclusives.

La technologie a le potentiel d'être une force positive pour l'inclusion sociale, à condition qu'elle soit conçue, développée et mise en œuvre, dès le départ, avec conscience et responsabilité. La création d'une technologie véritablement inclusive est un défi continu qui nécessite la participation active de tous les secteurs de la société. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons construire un avenir plus juste et équitable, où chacun aura la possibilité de bénéficier des avancées technologiques. L'inclusion est bien plus qu'un idéal, c'est une responsabilité et une nécessité impérieuse pour humaniser l'ère numérique dans laquelle nous sommes immergés.